Kouchner ajoute : « Ma grand-mère s’est suicidée peu de temps après. »
C’est le deuxième enterrement du livre – « une foule militante et au cœur brisé qui était venue rendre hommage à la liberté de ma grand-mère de se suicider ». Le suicide laisse à la mère de Camille une coquille alcoolique. Elle boit à l’aveugle tous les soirs : « Ce n’est absolument pas à discuter. C’est ma liberté.
Le livre est un portrait très ciblé d’une certaine famille privilégiée Français de son époque, d’abord révolutionnaire puis bourgeoise : leurs mœurs sexuelles, leur soif de pouvoir et de gloire, les dommages collatéraux aux enfants. La violation de son frère est expliquée, au milieu du livre, en une phrase: « Il a commencé à me caresser, et puis, vous savez … »
À partir de ce moment, la voix de la narratrice vieillit à mesure qu’elle comprend ce que cela signifie, et le livre prend des aspects d’un thriller psychologique. Les jumeaux gardent le secret pendant des années. Enfin, craignant pour la sécurité de leurs propres enfants, étranglés par une « hydre » de culpabilité et de honte, ils se confient aux autres membres de leur famille, à des réactions résolument mitigées.
Le livre se termine, effectivement, par la voix la plus adulte de toutes, celle de la loi. Camille Kouchner s’adresse directement à son beau-père, récitant le texte du code pénal Français sur l’inceste. « Soyons clairs à ce sujet », écrit-elle:
Article 222—31—1 du code pénal
Les viols et les agressions sexuelles sont considérés comme incestueux lorsqu’ils sont commis par :
1) année ascendante;
2) un frère, une sœur, un oncle, une tante, un neveu ou une nièce;
3) ou toute autre personne, y compris un partenaire ou un membre de la famille, ayant un contrôle légal ou de facto sur la victime.
Claire Berlinski est la rédactrice en chef de The Cosmopolitan Globalist. Elle vit à Paris.
LA GRANDE FAMILLE, par Camille Kouchner | Traduit par Adriana Hunter | 214 p. Autre presse. | 24 $.
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